Tokyo Lucky Hole – Nobuyoshi ARAKI

Tokyo Lucky Hole est un des ouvrages photo les plus connus de Nabuyoshi Araki.

Cet artiste photographe japonais, né en 1940, s’est forgé une renommée mondiale par son travail monumental sur les quartiers chauds de Tokyo. Un travail de reporter qui s’étale de la fin des années 70 jusqu’aux années 2000 : des dizaines de milliers de clichés, la plupart datés et annotés (ce qu’on retrouve peu dans les éditions occidentales). Des tranches d’une vie grouillante mais officiellement prohibée, qui oscillent entre les rues chaudes de Tokyo, leurs façades d’établissements spécialisés, et les alcôves de bar ou les chambres d’hôtel où les filles s’occupent de leurs clients…

Sa femme lui a souvent servi de modèle (dont beaucoup de nus) jusqu’à sa mort en 1990.

Le rapport de la société japonaise au sexe a toujours été particulier. Issue d’un moyen-âge particulièrement martial, les rapports sociaux sont hiérarchisés à l’extrême et la vulgarité suprême n’est pas de montrer son sexe, mais ses émotions. La femme japonaise simule pratiquement le viol lors de l’accouplement, la censure interdit les poils et le sexe, et pourtant, vous pouvez aller boire un verre dans un bar où les hôtesses n’ont pas de culottes et évoluent sur un plancher-miroir, ou vous procurer de l’urine ou des selles de lycéennes mineures.

Une petite anecdote sur l’auteur : la signature qu’effectue Araki en idéogrammes  peut être interprétée comme « Anarchie »

Le Club Lucky Hole était un établissement japonais célèbre pour ses glory holes. Vous y preniez un verre, discutiez avec les hôtesse et après en avoir payé le prix, vous insériez votre sexe dans le trou d’une cloison en contreplaqué. Une des hôtesses de la salle passait alors de l’autre côté de la cloison et vous gratifiait d’une fellation.

Ce livre est un classique de la culture érotique. La prise de vue est sans fards, et l’on retrouve ce côté « reportage pris sur le vif » cher à Araki. Bien plus que par ses nus féminins (parfois très exposés), l’érotisme du livre nait de cette impudeur profonde, où l’on voit la réalité et le quotidien crus de cette industrie du sexe soigneusement cachée aux yeux de tous. Des prostituées qui sucent leur client, qui s’adonnent à des orgies, ou qui simplement s’exhibent dans une cage… Araki figure lui-même sur beaucoup de clichés, comme une sorte de fil rouge, tantôt spectateur, tantôt acteur.

Cet ouvrage est un fondamental pour tout amateur ou collectionneur d’érotisme, ainsi que de manière plus générale, l’intégralité de l’oeuvre de Nobuyoshi Araki.

Cet ouvrage est facile à trouver, surtout dans l’édition Taschen de 2005 (format réduit). Il vous en coûtera une vingtaine d’euros, ce qui est très raisonnable pour un tel pavé (768 pages) et une telle référence dans le domaine.

Pour des raisons de lisibilité et de fidélité à la langue française, aucun article ne sera rédigé en écriture inclusive. A nos yeux, combattre les inégalités entre les individus ne passe pas par une révision de la grammaire, qui ne concernera de toute façon que ceux qui maîtrisent suffisamment la langue française.